L'Épée brisée by Poul Anderson

L'Épée brisée by Poul Anderson

Auteur:Poul Anderson [Anderson, Poul]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fiction, Science Fiction, Fantasy
ISBN: 9782843446412
Google: TtYxBQAAQBAJ
Éditeur: LE BÉLIAL'
Publié: 2014-11-12T23:00:00+00:00


17.

Lorsque l’ost troll arriva devant Elfheugh, un cor sonna depuis la tour de garde et les grandes portes de bronze s’ouvrirent. Valgard tira sur ses rênes et plissa les yeux. « Une ruse… marmonna-t-il.

— Non, je ne crois pas, dit Grum. Il ne reste quasiment que des femmes au château, et elles s’attendent à ce que nous les épargnions. » Un rire secoua sa carcasse. « Ce que nous ferons. Ho-ho, oui ! »

Les lourds sabots des gigantesques chevaux velus claquaient d’un son creux sur les dalles de la cour lorsqu’ils entrèrent. Ici régnaient le calme et la chaleur, et une lueur tamisée bariolait de bleu les murs épais et les tours dressées vers le ciel. On voyait de toutes parts des jardins fleuris, dont les éclosions éternelles répandaient dans l’air des parfums langoureux ; des fontaines murmuraient et de petits ruisseaux passaient devant des pergolas pour deux.

Les femmes d’Elfheugh s’étaient rassemblées dans la cour pour accueillir les conquérants. Quoique habitué depuis son arrivée à Alfheim à la troublante beauté livide des filles elfes, Valgard retint son souffle en découvrant ces glorieuses dames.

L’une d’elles s’avança, vêtue de robes vaporeuses qui soulignaient tous les galbes de son corps, et elle surpassait toutes les autres en éclat comme la lune les étoiles. Elle s’inclina bien bas devant Grum, ses longs cils voilant le mystère froid de ses yeux. « Sois le bienvenu, monseigneur, dit-elle d’une voix qui chantait plus qu’elle ne parlait. Elfheugh se soumet à toi. »

Le duc se rengorgea. « Longtemps ce château s’est dressé, dit-il, et nombre d’assauts il a repoussés. Vous faites preuve de sagesse en reconnaissant la puissance du Trollheim. Nous sommes impitoyables avec nos ennemis, mais nous ne ménageons pas les présents à nos amis. » Il s’efforça de sourire. « Je t’en ferai un avant longtemps. Mais quel est ton nom ?

— Je suis Leea, monseigneur, la sœur du duc Imric.

— Ne l’appelle pas ainsi, car désormais c’est moi, Grum, qui suis duc des terres de Faërie anglaises, et Imric est le dernier de mes esclaves. Amenez les prisonniers ! »

Lentement, la tête basse et chargés de chaînes, les guerriers captifs d’Alfheim s’avancèrent. Leurs visages sanguinolents étaient amers, leurs épaules voûtées par un fardeau bien plus lourd que les chaînes qu’on leur avait infligées. Imric, les cheveux encroûtés de son propre sang, ses pieds nus laissant des traces rouges sur les dalles, marchait en tête. Pendant qu’on les conduisait aux geôles, les elfes ne dirent pas un mot, ne jetèrent aucun regard à leurs femmes.

Illrede arriva alors du port. « Elfheugh est à nous, dit-il, et nous te le confions, Grum, pour que tu le gardes pendant que nous soumettrons les autres terres d’Alfheim. Il reste en Angleterre des places fortes elfes à prendre, et nombre de bandes armées rôdent dans les forêts et les collines, de sorte que tu ne resteras pas oisif. »

Il fut le premier à entrer dans le château. « Nous avons une seule chose à faire avant de partir, dit-il. Il y a neuf cents ans, Imric a capturé notre fille Gora.



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